La Culture du Lin Textile

La préparation du sol

Un labour fin novembre ou début décembre est à privilégier. Il favorise un tassement naturel et homogène du sol pendant l’hiver, évitant ainsi un passage supplémentaire d’outils au printemps. Une bonne macroporosité naturelle et une bonne conductivité hydraulique du sol peuvent ainsi être créées. En terre argileuse, un labour dressé, effectué avant l’hiver, est recommandé pour favoriser un maximum l’effet bénéfique du climat hivernal sur la structure (alternance gel/dégel). En sols limoneux, plus fragiles, il peut être réalisé plus tardivement, voire juste avant le semis. Dans ces conditions, il convient de rechercher un labour motteux, particulièrement si la suite des opérations est menée au moyen d’outils animés. Le résultat du labour est déterminant pour la suite des opérations de préparation du sol. La reprise du labour doit permettre la préparation d’une terre « amoureuse », favorisant une germination régulière et un développement rapide du système racinaire. Il convient de s’assurer que l’humidité de la terre est inférieure à 18 % sur une profondeur de 40 centimètres et qu’aucune pluie n’est annoncée dans les 48 heures. Idéalement, la terre doit présenter une zone profonde homogène, éclatée, sans creux et légèrement retassée pour éviter que les plantes ne versent, surtout en limons profonds.

Les semis

Les semences représentent une charge importante pour le liniculteur : la réussite du semis est donc primordiale. Une mauvaise implantation peut générer une levée échelonnée pesant sur l’homogénéité et la rentabilité de la culture. Les graines de lin fibre sont petites et disposent de peu de réserves (le poids de 1000 graines est compris entre 4 et 7 grammes selon les variétés). L’objectif est de les déposer entre 1 et 2 centimètres de profondeur. Un peuplement de 1400 à 1600 plantes viables par mètre carré est optimal pour obtenir des tiges fines et longues. Compte tenu de pertes possibles à la levée, il est recommandé de semer entre 1500 et 1900 graines au mètre carré. La régularité du peuplement prime la densité car le lin compense mal une hétérogénéité. Après le semis, la terre doit pouvoir blanchir pendant au moins 48 heures. Le séchage des mottes favorise la cohésion du sol en surface et limite les risques de battance en conditions de fortes pluies. Cette étape ne peut être contournée: elle oblige à déclencher le semis les yeux rivés sur l’évolution des conditions météorologiques à cinq jours.

L'Arrachage

Il correspond à la première étape de la récolte et intervient quand les lins sont matures. Le terme « arrachage » est employé pour signifier que les plantes ne sont pas fauchées afin de préserver les fibres présentes dans la partie basse des tiges. L’opération consiste à tirer fortement sur les plantes dont les tiges cassent au niveau du sol, à maintenir les tiges parallèles les unes par rapport aux autres et à les déposer à terre en nappes continues appelées « andains ». L’arrachage mobilise des machines spécifiques, automotrices, appelées « arracheuses ». Celles-ci pincent les tiges de lin à mi-hauteur et les arrachent par l’effet d’avancement. Leur vitesse d’avancement est de 10 à 16 kilomètres par heure et leur capacité de travail est de 1,5 à 2 hectares par heure. Un andain occupe au sol une largeur d’environ 1 mètre, légèrement supérieure à la longueur des tiges qui prennent aussi, à cette étape, le nom de pailles. 

Le rouissage

Première phase naturelle de transformation de la plante en fibre, il intervient après l’arrachage des tiges de lin disposées au champ en andains. Cette étape correspond à l’action des microorganismes du sol (champignons, bactéries) sur les tiges. A la faveur d’une bonne humidité (rosées, pluies) et de températures douces (supérieures à 10°C), ces microoragnismes sécrètent des enzymes qui produisent la désagrégation des tissus entourant les faisceaux de fibres. En créant une perte de la cohésion tissulaire , le rouissage facilite l’extraction mécanique des fibres. C’est une étape empirique : il faut que l’attaque microbiologique des pailles soit suffisante pour les fragiliser, mais que cette action reste limitée afin de ne pas endommager les fibres. Le rouissage se traduit par un changement de couleur des pailles qui deviennent brunes à grisées. Il est jugé optimal quand les tiges présentent une couleur homogène et quand on peut sans effort extraire les fibres qu’elles contiennent. Il est généralement nécessaire de retourner le lin pour obtenir un rouissage homogène.

Le Retournage

Il correspond à la deuxième étape de la récolte et consiste à retourner les andains de pailles pour exposer à la lumière leur face tournée contre terre. Il doit permettre un rouissage homogène et favoriser le séchage des pailles. Il peut être réalisé quelques jours après le commencement du rouissage si les andains sont épais, pour faciliter la propagation des microorganismes au coeur de ceux-ci; quand la face supérieure des andains a atteint un bon degré de rouissage et que la face inférieure n’est pas encore rouie; ou en fin de rouissage pour dégager le lin de l’emprise de certaines repoussent d’adventices, pour aérer les pailles parfois plaquées par des pluies importantes et accélérer leur séchage avant leur enlèvement du champ. Il peut être pratiqué deux ou trois fois si les andains sont très épais. Le retournage mobilise des machines spécifiques, automotrices, appelées « retourneuses ». Il faut généralement une heure pour retourner 1,5 à 2 hectares de lin avec une retourneuse double. 

L'enroulage

Effectué quand les lins sont rouis, il correspond à l’ultime étape de la récolte et détermine l’enlèvement des matières du champ. L’opération consiste à enrouler les andains pour former des balles rondes tout en conservant aux tiges leur disposition parallèle, ce qui permet aux balles de se dérouler ultérieurement lors du teillage, pour reformer un l’andain et autoriser l’extraction des fibres. Pour une bonne conservation, les pailles doivent présenter à l’enroulage un taux d’humidité ne dépassant pas les 16 %, sans donner une impression d’humidité au toucher. Il faut environ une heure pour enrouler les pailles de un hectare de lin. Une balle de pailles pèse entre 200 et 280 kilos, selon la nature du lin et la force exercée pour le serrage. Pour éviter toute reprise d’humidité, les pailles doivent être enlevées du champ dès l’enroulage terminé.